LE COUP DE MASSUE DE MASSA ET FERRARI
Ferrari signe le premier doublé de la saison avec la victoire de Felipe Massa, qui garde son titre à Bahrein, devant Kimi Räikkönen, lequel passe en tête du classement des pilotes après l'échec de Lewis Hamilton, 13e à cause d'un début de course raté. BMW-Sauber, avec Kubica 3e et Heidfeld 4e, prend la tête des constructeurs.
Il y a indubitablement quelque chose de 2007 dans 2008. Comme l'an dernier, Felipe Massa est devenu le troisième pilote différent à gagner en trois Grands Prix après avoir fait la course en tête. «J'adore ce circuit», a résumé le Brésilien, qui aurait pu répéter ce qu'il avait dit un an plus tôt : cette victoire lui permet «d'avoir moins de pression que précédemment.» Ses abandons en Australie, puis en Malaisie, sont en partie effacés. Parti de la deuxième place sur la grille après s'être fait subtiliser la pole position par Robert Kubica, un résultat inédit pour un Polonais et pour BMW-Sauber, Massa a profité d'un départ franchement moyen du poleman pour s'installer dans le fauteuil de leader dès le premier virage. Il ne l'aura laissé ensuite que le temps des retours aux stands, s'offrant progressivement une avance un petit peu sécurisante de trois secondes sur Kimi Räikkönen, passé à la deuxième place dès le deuxième tour, même si celle-ci n'a finalement jamais dépassé les huit secondes, en grande partie grâce à deux ravitaillements mieux planifiés.
Raïkkönen : «un week-end délicat»
Comme l'an dernier, Ferrari a donc signé pour l'instant deux victoires contre une pour McLaren-Mercedes. Mise au supplice lors du Grand Prix inaugural, la Scuderia a retourné la situation avant même le retour en Europe. A voir la tête de Massa, comme de Räikkönen, après la course, la situation reste cependant tendue en raison de la suppression des aides au pilotage qui rend ardu le contrôle des monoplaces. «Difficile» a été le mot le plus utilisé en conférence de presse, que cela s'applique au départ, où des traces d'huile ont causé quelques frayeurs dans le premier tour, ou au «contrôle du rythme». «Kimi était juste derrrière mais j'ai réussi à maintenir l'écart», appréciait le Brésilien, estimant que la F2008 «a été bien préparée pour Barcelone», lieu du prochain Grand Prix, le 27 avril. «Le week-end et course ont été délicats, avouait le Finlandais. Je suis content d'être second, je n'ai pas perdu trop de points. La monoplace n'a pas été parfaite tout au long du week-end, mais c'est la vie.» «On verra à Monaco si la voiture se comporte mieux dans les virages lents», ajoutait Massa.
Comme l'an dernier, les championnats du monde restent enfin totalement ouverts. Côté pilotes, les cinq premiers sont réunis en cinq points et Massa, avec les dix points de la victoire, n'en fait même pas partie. Kimi Räikkönen prend la tête avec 19 unités, trois devant Nick Heidfeld, le seul à s'est classé dans les cinq premiers les trois fois, et cinq devant un trio composé de Robert Kubica, troisième après sa deuxième place en Malaisie, et les deux pilotes McLaren. Et c'est bien là la grande différence par rapport à 2007 : l'an dernier, Lewis Hamilton, encore relativement méconnu, avait marqué les esprits par sa solidité, plus encore que le vainqueur Massa. Cette année, il a perdu gros en sortant de la piste dès les essais libres du vendredi avant de rater son départ, de perdre son aileron avant dans le deuxième tour et d'échouer à la treizième place. Ce n'est que la troisième fois en vingt courses que l'Anglais ne marque pas de point. L'impression de recul est d'autant plus forte que jamais son équipier Heikki Kovalainen n'a pu lutter avec les Ferrari, ou même les BMW. L'écurie germano-suisse se propulse en tête du classement des constructeurs avec un point d'avance sur Ferrari et deux sur McLaren-Mercedes. Une avance symbolique, certes, qui laisse vraiment la situation ouverte avec le retour sur le Vieux Continent.