La L1 du futur

400 millions de plus en quatre ans ?

Ne pas s'endormir sur ses lauriers après avoir sauvé les meubles sur les droits TV. Tout en soulignant le retour des clubs à l'équilibre financier - comme l'a montré le bilan de la DNCG la semaine dernière -, l'étude annuelle sur l'économie du football français d'Ineum Consulting et Euromed Marseille, publiée mercredi, montre que les clubs de L1 devront trouver de l'argent ailleurs pour franchir un cap supplémentaire. L'étude pointe les nombreux handicaps de la Ligue 1 - recettes de billetterie, pratiques de marketing, qualité des stades, volume du sponsoring - et invite les acteurs à se montrer «inventifs» pour refaire leur retard sur une concurrence européenne très active. Ses auteurs chiffrent à 400 millions d'euros les recettes nouvelles à générer d'ici au prochain appel offres sur les droits TV en 2012.

Quatrième nation du football européen par ses résultats sportifs, la France ne pointe qu'à la cinquième place sur le plan économique. Le chiffre d'affaires de la Ligue 1 est 2,5 fois inférieur à celui de la Premier League, qualifiée par l'étude de «mega-championnat». Il accuse surtout un écart de 400 millions d'euros avec les championnats comparables - espagnol, italien et allemand. Le constat est cruel : aucun club français ne figure dans le Top 10 des écuries européennes les plus riches où trônent l'AC Milan, le FC Barcelone et Liverpool. Même l'Olympique lyonnais, dixième à l'indice UEFA, est dans le peloton des challengers économiques avec des clubs comme l'AS Roma ou Tottenham.

En un samedi, Manchester fait plus que toute la L1

Sur le seul critère des recettes de billetterie, le sextuple champion de France est bien loin de son adversaire en Ligue des champions : Manchester United génère davantage de revenus chaque week-end que l'ensemble des clubs de Ligue 1 réunis ! Or, «la dynamique spectateur est à l'origine de la dynamique économique», souligne l'étude. En clair : pas de développement possible sans du monde au stade, le public restant le levier numéro un des recettes induites. Un seul exemple : 10% des recettes des clubs allemands proviennent du sponsoring maillot, contre moins de 5% en France.

Pour accroître leurs recettes, les clubs - mais aussi les pouvoirs public, si cela les intéresse - doivent «prendre plus de risques» selon les auteurs de l'étude. Surtout en investissant dans les stades pour accroître leur attractivité, sur le modèle de la Bundesliga, "boostée" par les nouvelles enceintes construites pour la Coupe du monde 2006. Objectif minimal : passer d'affluences moyennes comprises entre 20 et 22 000 spectateurs aujourd'hui à 28 000 comme en Espagne actuellement. Reste que la progression économique du football, «industrie des talents», passe aussi par la qualité du spectacle. Les auteurs de l'étude qualifient ainsi de «mesurette» le Challenge de l'offensive de la Ligue et défendent des solutions plus radicales - voire provocatrices. Pourquoi pas un bonus offensif comme au rugby ou même des play-off comme au basket ? Après le feuilleton des droits TV, la Ligue n'a pas fini de se casser la tête.