Crise à Val-d'Isère 2009

Il y a tout juste un an, Val-d'Isère et le ski français célébraient la désignation de la station française pour l'organisation des Mondiaux 2009. Depuis de la neige est tombée sur la station savoyarde... et au début de l'été, c'est un orage inattendu qui a fait quelques dégâts : la démission de Jean-Claude Killy, président du Directoire du Comité d'organisation, fatigué des atermoiements des élus locaux. L'ancien champion avait jeté l'éponge, fin juin, confiant le dossier à l'un de ses fidèles : Jean-Paul Pierrat (photo l'Équipe).

Cet ancien fondeur, vainqueur de la Vasaloppet, vient lui aussi de renoncer. Pourtant habitué aux parcours longue distance, semés d'embûches, Jean-Paul Pierrat, directeur général de Val 2009, est fatigué de slalomer entre retards et chausse-trappes. « Nous sommes dans l'irrationnel, confie-t-il à nos confrères de l'Equipe, de ce jeudi, loin de la logique la plus basique (...) Malgré les signaux d'alarme tirés depuis des mois, au lieu d'apporter des solutions, on en rajoute des couches. C'est la guerre des boutons. Je ne suis pas la bonne personne pour mener ce projet à bien dans de telles conditions ».

«Plus la motivation»

Le Comité d'organisation ne dispose donc plus de chef de file. Désormais la Fédération Internationale (FIS) et le Ministère de la Jeunesse et des Sports, vont devoir se pencher, au plus vite, sur ce dossier sous peine de voir les Mondiaux 2009 ne jamais se dérouler dans la station savoyarde. « Les Mondiaux peuvent se tenir sans moi, confie Jean-Paul Pierrat. Je ne suis plus l'homme de la situation, je n'ai plus la compétence, ni la motivation. »

Et s'il semble que les travaux d'aménagement des pistes sont bien avancés, « la construction des infrastructures a pris un retard conséquent. » Et sur le plan local, Jean-Paul Pierrat dénonce avant tout les querelles de clocher : « Il y a une clique de conseillers municipaux qui ont tous des avis, qui allument des mèches. Val d'Isère ne manque pas d'incendiaires », conclue-t-il. Pendant ce temps, le maire de Val-d'Isère, Bernard Catelan promet une nouvelle organisation dans les prochains jours.

L'Etat sauveur?

Ce sont les plus hautes instances de l'Etat qui vont devoir jouer les pompiers. Roselyne Bachelot, ministre de la Jeunesse et des Sports a prévu de se rendre sur place en octobre prochain. Sophie Dion, conseillère sports du président Sarkozy travaillerait déjà au dénouement de ce sac de noeuds. La Fédération Internationale a prévu deux réunions de travail dans les prochains jours. Reste désormais à Jean-Paul Pierrat à gérer les affaires courantes avant de les expédier définitivement en janvier prochain, date de son départ effectif. « Ma décision est irrévocable », avoue-t-il. Et le l'épais dossier Val 2009 d'être sans doute confié à un commis de l'état, tel Patrice Bergougnoux, actuel délégué interministériel à la Coupe du monde de rugby.

Les prochaines semaines seront actives et décisives, avant que la neige ne vienne habiller la station savoyarde pour la saison 2007/2008. En espérant qu'une avalanche de mauvaises nouvelles ne détruise pas les Mondiaux 2009. Définitivement.

Jean-Claude Killy avait tiré la sonnette en juin en démissionnant du poste de président exécutif du Comité d'organisation des Championnats du monde de ski alpin à Val d'Isère en février 2009. A l'époque, l'ancien champion voulait attirer l'attention «sur les retards accumulés dans les travaux d'organisation qui lui faisaient craindre le pire pour le bon déroulement de ces Mondiaux». Quatre mois après, et au prix d'une mobilisation tous azimuts, l'optimisme est de retour chez les organisateurs et les responsables publics : après une visite de la station de Val d'Isère, la ministre des sports Roselyne Bachelot a exprimé lundi son «optimisme raisonné» quant à l'avancée des travaux.

«La priorité est l'achèvement des pistes de Solaise et de Bellevarde. La première est terminée. Il y a un peu de retard pour la seconde mais rien de significatif pour la livraison», a-t-elle assuré. Des épreuves «tests» doivent se disputer en décembre 2007 pour les femmes, et en février 2008 pour les hommes. Concernant le téléski, le stade de slalom et les parkings, «il n'y aucune raison d'envisager des retards», a estimé Mme Bachelot. Depuis septembre, Jean-Luc Fabre a remplacé Jean-Paul Pierrat au poste de directeur général du comité d'organisation afin d'assurer de la tenue des délais d'achèvement des travaux.

Présente lundi, la secrétaire générale de la Fédération internationale de ski (FIS), Sarah Lewis s'est déclarée «rassurée de la mobilisation autour de ce dossier, soutenu au plus haut niveau de l'Etat» tout en ajoutant : «Nous restons néanmoins prudents et vigilants jusqu'à ce que tout soit réalisé définitivement». Roselyne Bachelot a elle insisté sur l'importance sur le long terme de ces Mondiaux : «Pour présenter des candidatures pour des jeux Olympiques d'hiver en 2018 ou d'été en 2024 à Paris, il faut que cet événement soit impeccable».

oui ca va servir de référence ces championnats car si ils n arrivent pas a les organiser c est foutu pour les J.O

Dans un entretien à paraître samedi dans L'Equipe Magazine, Jean-Claude Killy indique qu'il n'entend plus exercer de fonctions officielles au sein du comité d'organisation des Mondiaux de Val d'Isère 2009. «Des basses querelles locales m'ont fait tomber (...) Je suis en contact régulier avec le sous-préfet, Jean-Luc Fabre. Mais je ne redeviendrai pas le président du directoire que j'étais», explique celui qui avait démissionné de ce poste le 29 juin dernier.

Jean-Claude Killy se dit cependant «persuadé à 100%» que les Mondiaux auront bien lieu à Val d'Isère. «J'espère qu'ils se dérouleront tels que nous les avions imaginés, dignes du projet de départ qui se voulait innovant. Il faut qu'ils soient exemplaires, remarquables et remarqués», assène le triple champion olympique des Jeux de Grenoble 1968.

Dans cet entretien, Jean-Claude Killy revient aussi sur sa fonction de président de la commission de coordination des Jeux de Sotchi 2014. «Sotchi, c'est la conquête de l'Est. Le développement du ski, on ne le fera ni en Autriche, ni à Dubaï, mais en plein coeur du Caucase», prédit le membre du CIO qui décrit les Jeux d'hiver 2014 comme le «bébé de Poutine». A propos du président de la Russie, Jean-Claude Killy déclare : «Poutine tient le pays d'une main de fer, dans une démocratie naissante. C'est sûr, les Russes n'ont pas deux cents ans d'histoire démocratique derrière eux. Il faut leur laisser le temps. Quant au CIO, son rôle premier est, quand même, d'élargir le territoire du sport. Que la Russie n'ait pas de stations de sports d'hiver, quel manque ! Le CIO a trouvé là un champ de développement exceptionnel.»